C'est Noël pour tous

Spoiler : la réponse est plus complexe

🎅🎅🎅🎅CC C’EST LE PAPA NOËL 🎅🎅🎅🎅C’est cringe ou pas la team ? Il est vrai que d’un point de vue franco-français en 2024, Noël se rapproche plus d’une fête commerciale et païenne que d’une célébration de la naissance de Jésus (même s’il a été prouvé à maintes reprises qu’il n’était pas né le 25 décembre 😲). Or, Noël reste une fête séculière et universelle. Elle s’adresse naturellement aux chrétiens du monde entier, catholiques, protestants, orthodoxes… MAIS PAS QUE !

Dans les religions abrahamiques et orientales, Noël a une valeur. Relative selon les cultes certes, mais qui revêt une sacralité parfois méconnue du grand public. À l’occasion des fêtes de Noël et des interminables bêtisiers sur le câble, élargissons nos horizons et découvrons comment cette fête est perçue par tous ✨ 

Dans son article, la journaliste Rachel Notteau a parfaitement résumé la conception et la pratique de Noël chez les croyants/pratiquants de tous les cultes majoritaires.
Rien de nouveau sous le soleil, même s’il convient de rappeler que la fête de Noël s’adresse avant tout aux chrétiens. C’est la fête la plus importante, avec quelques nuances à souligner. Catholiques et protestants fêtent le réveillon le 24 décembre et la naissance de Jésus le 25. À l’église pour les uns, au temple pour les autres. Coutume qui n’est pas suivie par les chrétiens orthodoxes qui s’alignent sur le calendrier julien (et non grégorien) et fêtent Noël le… 7 janvier !

Chez les juifs, Noël n’existe pas. À cette période, ils célèbrent l’une des fêtes les plus importantes à leurs yeux, Hanouka, ou la traditionnelle “fête des lumières”. Cette année, elle a lieu du 25 décembre au 2 janvier. Pour les musulmans, Jésus est considéré comme un prophète et non le fils de Dieu. En ce sens, sa naissance n’est pas vénérée dans les textes islamiques.

Plus surprenant, les religions asiatiques. Noël n’est pas célébré certes, mais reste ancré dans les moeurs, probablement dû au passé colonaliste de certains pays bouddhistes et hindouistes. En Inde, le 25 décembre est férié depuis la domination britannique. Pour autant, les hindouistes ne le célèbrent pas, préférant se retrouver lors de la grande fête de Diwali à cette même période. Pour le bouddhisme, Jésus est perçu comme un “bodhisattva”, soit un être qui s’est efforcé de diffuser l’amour et la compassion. Même s’il est plus vu comme un maître qu’un messie.

Rachel Notteau : “En France, c’est bizarre de se dire que les gens ne fêtent pas Noël”

Curriculum vitae : Rachel Notteau, journaliste pour Le Pèlerin spécialisée sur les sujets de société (précarité, migrations et religions) et sur le Moyen-Orient. Rachel Notteau revient avec nous sur la construction de son article et son appréciation personnelle sur le sujet.

Rachel Notteau : “En préparant le sujet, je fus surprise d’apprendre que Jésus était connu chez les bouddhistes. Pour eux, Jésus n’est pas perçu comme un prophète, mais ses valeurs d’humanisme et d’entraide envers son prochain sont acclamées et valorisées.” 

“En France, c’est bizarre de se dire que les gens ne fêtent pas Noël, car c’est la norme, une habitude. Je suis actuellement en Arabie Saoudite, et là-bas Noël n’existe absolument pas. Il peut être difficile d’accepter, pour nous Français, qu’une partie de la population mondiale ne fête pas Noël.”

“D’’un point de vue occidental, je pense que la commercialisation de Noël a eu un impact sur les religions. J’ai déjà eu affaire en France à des parents musulmans partagés entre le fêter ou non, car leurs enfants demandaient des cadeaux. Également, j’ai découvert l’an dernier qu’une communauté (hindouiste ou bouddhiste) organisait un repas de Noël pour les personnes seules. Religieusement, ils ne célèbrent pas Noël mais ils se retrouvent derrière les valeurs de partage.

“À contrario, j’aurais tendance à affirmer que la mondialisation n’a pas touché tous les pays, notamment ceux ancrés religieusement comme l’Arabie Saoudite, terre d’islam. Mais, on peut aussi trouver un sapin de Noël aux Émirats arabes unis dans l’aéroport d’Abu Dhabi, alors que c’est un pays musulman…”

Archiprêtre Andriy Morkvas, curé à la cathédrale Saint Volodymyr le Grand de Paris

Bastion de la communauté ukrainienne en France, la cathédrale Saint Volodymr le Grand héberge le curé Andriy Morkvas, depuis 2022, qui officie à la fois pour les fidèles de confession catholique et orthodoxe. La cathédrale est rattachée à Rome sous l’aurorité du pape, mais continue de pratiquer en parallèle “un rite occidental”. Andriy Morkvas souligne “la volonté d’unité” en embrassant les moeurs religieuses de différents horizons.

Pour la fête de Noël, quatre messes vont se dérouler (24 et 25 décembre) avec en prévision près de 2 000 fidèles. Ces derniers sont majoritairement “Ukrainiens ou d’origine ukrainienne”. On y trouve aussi des Biélorusses et des Français.

Depuis deux ans, la cathédrale s’est alignée sur le calendrier grégorien en célébrant la fête de Noël le 25 décembre, au lieu du 7 janvier comme le veut le calendrier julien. Andriy Morkvas affirme que la demande est venue des fidèles qui ont voté à 93 % pour ce changement de date. “La plupart des personnes voulaient s’adapter à l’emploi du temps français, avec les fêtes, les jours fériés…” Pourtant, il y a environ deux ans, la Russie envahissait l’Ukraine… ce qui a conduit au détachement de l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou le 27 mai 2022. L’archiprêtre, lui-même originaire de l’oblast de Ternopil dans l’ouest de l’Ukraine, confie que certains fidèles souhaitaient ce changement pour des raisons politiques, et ne nie pas que “c’est une bonne chose”.

Noël a ses traditions que la tradition ignore. Au Venezuela, particulièrement dans la capitale Caracas, les habitants ne chaussent pas leurs bottes pour se rendre à la messe, mais bien des rollers. Apparue dans les années 1950, la pratique insolite consiste à aller célébrer la naissance du Christ le 24 au soir et 25 décembre en rollers. En perdition aujourd’hui, il est toujours fun de tomber sur des vidéos improbables dont Internet regorge.